Je suis récemment tombé sur un article du Monde qui m'a fait réagir qui titrait : "Un reportage de France 2 déclenche la colère parmi les photographes". Le reportage en question présentait des photographes "amateurs" qui contre quelques cadeaux cédaient les droits de leurs photographies réalisées à l'Iphone pour leur compte Instagram. Un certain nombre de photographes "pro" sont immédiatement montés au créneau, derrière l'UPP (l'Union des Photographes Professionnels) qui réagissait sur son compte Facebook : "sommant la rédaction de s'expliquer au sujet de la diffusion du reportage le filon juteux de la photographie amateur du lundi 2 mars 2015. En tant qu'organisation professionnelle défendant le intérêts des auteurs et des photojournalistes, l'UPP ne peut réagir, ou mener des actions sans réflexion préalable. Du sérieux de nos arguments dépendra la suite de cette affaire".
Bien que convaincu qu'un photographe doit chercher à s'adapter à l'évolution de son marché plutôt que de s'assoir en pleurant sur le constat de son échec, cet article à fait éccho à une autre particularité que je remarquais. En effet, dans le cadre des formations individuelles et personnalisées que je propose, un permier questionnaire me permet d'évaluer les besoins et les attentes du photographe. Une des question posée est "êtes-vous photographe ?". Dans 80% des cas, mes futurs stagiaires répondent "je ne sais pas". Il m'a donc semblé essentiel de chercher à répondre à cette question : qu'est ce que c'est "être photographe" ?
Qu'est ce qui détermine le fait d'etre photographe ou non ? Est-ce le fait de gagner sa vie avec la photographie ? Est-ce faire de belles photos (et il faudrait à ce moment là déterminer ce qu'est une belle photo) ?
Il m'apparaît, depuis 10 ans que je fais ce métier, qu'il s'agirait plutôt de la capacité d'exprimer, avec un appareil photo (quelles que soient ses performances), exactement ce que l'on voulait. D'avoir une idée précise en tête que l'on parvient à réaliser grâce aux qualités techniques qui sont les nôtres. Il s'agit également, d'après moi, d'avoir un discours, un propos sur l'image que l'on réalise. Peut importe quelque part le discours (qu'il soit esthétique, politique, ou une quête de like la plus importante possible). Peut-on dire d'une personne qui aurait fait une photo sublime sur un flot d'images réalisées pendant ses vacances qu'il est photographe ? Il existe bien entendu plusieurs types de photographes. Ceux qui créent pour leur plaisir ou pour exposer, que l'on pourrait appeller "artistes" (ceux-ci sont rares à en vivre) et ceux qui répondent aux commandes de clients (des sortes d'artisans). Dans ce dernier cas, un photographe est quelqu'un qui saura bien analyser la demande du client et qui aura la technicité pour y répondre au mieux. Les meilleurs d'entre eux seront les bons vendeurs qui auront en plus développé une technicité de pointe dans un domaine spécifique de la photographie (par exemple la photographie culinaire qui requiert des savoirs-faire très particuliers). En réalité, la plupart des photographes qui gagnent leur vie grâce à leur métier sont à la fois artistes et artisans : ils répondent à des demandes Pour revenir à la polémique relevée par le Monde suite au reportage de France2, les photographes "pro" ne devraient pas s'inquiéter du désir des agences de communication de faire appel à des "amateurs" mais plutôt se demander quelles sont les technicités que les uns ont développées par rapport aux autres. Pour conclure sur une touche un peu plus poétique mais qui à mon sens répond très bien à la question, je vais citer le photographe qui m'a formé à mes tous débuts (Patrice Forsans) : "Tu seras photographe le jour où tu seras capable de dire je suis photographe". Les articles à venir : - Réussir une photo avec son téléphone - L'histoire d'une image
- Les 10 choses à penser avant un packshot
- Comment bien choisir une photographie avant d'acheter ?