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Femmes et ivresses, une modèle témoigne



Mon corps est assis là, sur ce fauteuil aux allures de petit cocoon. Nu. Complètement nu. Enveloppé d'une ivresse légère mais indéniable, qui lui permet, à mon corps, d'être nu, là, sur ce fauteuil aux allures de petit cocoon, qui tourne sur lui-même, quand mon pied nu l'entraîne.

Debout face à lui, face à mon corps nu assis, là, légèrement replié sur mes jambes, entre mes bras, tu n’es presque plus là, ton esprit est ailleurs, ta parole est en fuite, s'accélère et me perd.

Dos à la fenêtre, à la nuit, à la vie qui s'endort, aux lumières qui s’éteignent, le vin, rouge, le tabac, sa fumée, occupent tes mains. À cet instant, plus de filtre, de métamorphose construite, de regard sculptant. Plus d’objectif. Ton œil est nu, dévêtu, sans rempart. Et ton ivresse tire, sans préavis aucun, d'un coup, sur ce drap éphémère qui m'enveloppe, elle me vole à la mienne, et me tire des vapeurs endolorantes qui laissaient mon corps être nu, là, sur ce fauteuil aux allures de petit cocoon.


Et mes pensées, ma réalité, me saisissent à nouveau. La violence, le réel, le tien, celui qui te fait boire, ou que tu te dessines en buvant, refait surface. Tu le craches et l'expulses en morceaux, me le jette à la figure. Je ne sais pas quoi en faire, là, à cet instant, entre chien et loup. Au rythme de tes mots secs et vifs, mon corps reprend vie, se raccroche à l’esprit. Et je ressens mon corps nu, grossier, absurde, embarrassant, objet d'une mise en scène. Je suis un objet, anonyme, je suis une et mille, je ne suis personne. Un réceptacle. Je catalyse. Je pleure. Je pleure, ce doit être mon essence de pleurer ainsi tout le temps. Quand les uns boivent, les autres pleurent.


Il manque cette photographie-là, de toi, de cet instant là où se mélangent les flous et les réels, les peurs et les manques, l'ivre et le sobre. Mais elle est en moi. Corps de femme. Je l'ai vu . J'ai vu l'Ivresse

Raphaëlle Bertaud

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